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5 questions à Silvia Dore, formatrice au Campus et Présidente de l'AFD

Co-fondatrice du studio de design graphique Stéréo Buro, chercheuse en design et enseignante au Campus Fonderie de l’Image dans le cadre entre autres d’un cours sur l’appel d’offre dont elle est à l’initiative, Silvia Dore vient d’être nommée Présidente de l’Alliance France design (AFD). A cette occasion, le Campus a souhaité lui poser quelques questions !

Bonjour Silvia, tout d’abord félicitations pour votre nomination en tant que nouvelle Présidente de l’AFD. Pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de votre parcours et comment vous en êtes venue à cette nomination ?

Merci :). Pour vous raconter mon parcours en quelques mots, je dirais qu’il a été pluridisciplinaire entre architecture et graphisme et entre la France et l’Italie, mon pays natal. De nature militante pour l’amélioration des conditions de notre métier de designer, je suis arrivée au CA de l’AFD puisque je défends des rapports respectueux avec le commanditaire surtout dans le cadre des concours de marchés publics éthiques. En effet, j’ai co-fondé en 2015 avec Diane Boivin notre studio de graphisme stéréo buro. En travaillant avec le milieu culturel et institutionnel, je me base sur mon expérience professionnelle pour savoir à quel point c’est important de comprendre et appréhender des marchés publics éthiques. Au sein du Conseil d’administration de l’AFD depuis trois ans, je prends part à des équipes de travail sur des sujets avec une belle synergie collective. Ce sont en effet les membres du CA (François Caspar, Béatrice Gisclard, Romain Diant, Franck Dubois, Bruno Lefebvre, Christophe Lemaire, Marie-Noelle Bayard, Melanie Bernard, Katia Dethilloy, Jean Schneider) qui m’ont proposés suite à l’événement “point commun” de reprendre le flambeau de François Caspar :). C’est d’ailleurs une nouvelle équipe qui se forme, avec plus de représentant-es régionaux et avec notamment au bureau la nomination également de Mélanie Bernard en tant que secrétaire générale. 

Pourriez-vous nous parler de l’exposition Point Commun que vous avez organisé récemment ?

Point commun est avant tout un outil de réflexion pensé pour créer du lien dans des situations de débats en action interdisciplinaires et intergénérationnelles. Elle a comme ambition de questionner les contextes de production, les relations à nos commanditaires et à nos espaces d’intervention. Par un appel à candidature, une cartographie a rendu visible un panorama très riche des actions des designers sur les questions liées aux thématiques de care, ressources, territoires, commun. Elle a été le point de départ des notions à questionner ensemble au regard des projets reçus. Sous forme d’exposition et de quatre rencontres pluridisciplinaires, point commun a permis de se réunir, pour débattre ensemble, de manière horizontale sur questions de société qui nous concernent tou.t.e.s. Ça été une expérience très enrichissante au vu des rencontres, et très prenante aussi au niveau de l’organisation. C’est un projet que j’ai porté avec Romain Diant, designer graphique et membre du C.A de l’AFD également. Nous étions à distance, entre Bézier et Paris et on a monté et porté ce projet à l’ampleur d’une biennale à deux ! J’en suis très fière, et point commun prendra de l’ampleur, dans d’autres contextes et à l’international sûrement 🙂 Ce n’est donc pas un point final…

Point Commun en vidéo : https://​www​.youtube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​L​2​D​2​F​k​2​5​c​e​k​&​t​=​15s

Comment transmettez-vous vos sujets de recherche, notamment sur les nouvelles manières de faire projet en design graphique, dans l’enseignement que vous donnez aux étudiants du Campus Fonderie de l’Image ? Pouvez-vous nous donner un exemple de projet pédagogique que vous avez mené avec les étudiants du Campus qui englobait ce sujet ?

J’ai une approche très contextuelle du design, j’essaye de faire participer le plus possible les étudiant-es à des projets interscolaires et internationaux. Les intégrer dans des problématiques liées à notre société, telles que l’immigration, l’hospitalité, les fake news etc. leur donne la possibilité de comprendre la nécessité du design dans ces champs d’actions. Le partage avec des professionnel-les tels que philosophes, artistes, journalistes, architectes, leur permet également d’être dans une réflexion connectée interdisciplinaire essentielle pour ma part pour faire du bon design. Cette année, on participera par exemple avec les Mastère 2 au projet Navire Avenir porté par Sébastien Thiéry de l’association Pérou - Pole d’exploration des ressources urbaines. J’ai invité le designer graphique et d’espace Eddy Terki à travailler avec moi et les étudiant-es sur les espaces de repos du navire qui accueillent les rescapés dans la Méditerranée. Enfin, j’essaye de transmettre la valeur du collectif et du partage pour nourrir l’individu et vice-versa. Dans des temps plus immersifs tels que les workshops, pensé avec un-e invité-e extérieure, comme le sujet Totem porté l’année dernière avec Diane Boivin, j’organise des conditions de design pour mettre les étudiant-es en relation afin qu’ils partagent leurs recherches pour enrichir leurs réflexions théoriques et plastiques. 

Quelles sont les actions principales/sujets qui vous tiennent à cœur, que vous souhaitez mettre en œuvre grâce à cette nomination à l’AFD ?

Parmi les actions à court terme j’aimerais rendre lisibles les enjeux – actions de l’AFD avec des outils de communication à diffuser auprès des designers, institutions… Créer des supports contemporains pour fédérer des jeunes designers qui ne se sentent pas concernés. Favoriser la culture du design en s’adressant à un public plus large, plus jeune mettant en relation les praticien.e.s avec les différents acteurs du monde professionnel. 

Je souhaite engager plus fortement le volet pédagogique. Proposer des interventions auprès des écoles en région et sur tout le territoire français pour faire connaître l’AFD et ses actions. La formation est l’un des piliers des designers de demain et l’AFD propose plusieurs outils pour les accompagner dans la structuration de leur profession. 
Le volet international me tient également à cœur. Je souhaite proposer des ponts avec notamment les structures italiennes de promotion et défense du design pour penser des formats de valorisation de design communs (exposition, prix..)
L’ouverture et le dialogue du design avec d’autres pays, envers les entreprises et d’autres disciplines est vraiment le noyau fondateur de mon programme.

Affirmer les liens avec les institutions, associations, réseaux de recherches, événements régionaux… rencontrer d’autres structures pour réfléchir à créer du dialogue au travers des dispositifs culturels de design afin de considérer le design à sa juste valeur dans la société et non pas comme une valeur ajoutée. 
Enfin, je voudrais initier la publication d’une revue AFD qui serait proposée sous format d’abonnement aux membres. Elle valorisera les designs (objet, design graphique, numérique..) au travers les actions portées par l’AFD ( formations, nouveauté, salons..) grâce à ses membres. 

Le collectif est très important pour un engagement que je rappelle est bénévole. Je souhaite pouvoir créer du lien et des ponts entre des terrains d’actions individuels des membres du CA (la recherche par exemple pour Béa, les formations continues pour Christophe, les associations régionales pour Romain, Katia et Mélanie, les marchés publics pour Bruno et Franck..) pour porter des sujets et objectifs communs. 

Quels conseils pourriez-vous donner aux futurs professionnels du design graphique ? / Que souhaiteriez-vous pour les futures générations de designers graphiques ?

Je souhaiterais que l’offre d’enseignement en design soit davantage “hybride” entre disciplines et cycles d’études. Avec une porosité plus présente notamment entre les cycles Master et doctorat pour créer des conditions plus favorables à des temps de recherches pour les professionnels de demain. Avoir ce temps de réflexion permettra peut-être de faire émerger de nouveaux formats pédagogiques plus connectés qui ouvriront à d’autres contextes d’actions du design, tenant compte d’autres publics. 

J’aimerais qu’il puissent avoir les outils nécessaires pour entrer dans le monde professionnel plus facilement afin de se concentrer sur l’importance première du design : la qualité de leurs créations. Cela passe forcément par une qualité de relations avec le commanditaire et ses collaborateurs. J’essaye de les aider à construire ce terrain de base stable pour qu’ils puissent exploser en créativité 🙂

Un conseil pour les futurs professionnels ? Croire en ce qu’ils ressentent et se laisser conduire dans leurs actions par leur fil intérieur. Le designer italien Bruno Munari disait « jouez, mais faites-le sérieusement ». Je leur dirais alors que le design est un outil important, d’expérimenter avec goût, en essayant différents rapports d’échelles et implications aux projets. D’oser enfin les rencontres qui les stimulent, de frapper aux portes qui les intéressent ! Ils sont leur seule limite pour de nouveaux imaginaires :). 

Enquête en cours de l’AFD : ENQUÊTE POST INDEMNISATION COVID POUR LES DESIGNERS : https://​docs​.google​.com/​f​o​r​m​s​/​d​/​e​/​1​F​A​I​p​Q​L​S​f​a​b​G​E​s​k​U​z​H​S​P​y​V​8​D​-​u​Z​L​n​u​s​P​s​c​4​P​V​4​F​u​9​O​q​V​V​H​E​1​X​d​c​N​q​U​S​g​/​v​i​e​w​f​orm

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