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Alumni : que sont-elles devenues ? - Jennifer Laran

Jennifer Larran – « touche-à-tout et maître de rien » comme elle aime à se décrire - a cultivé sa double origine franco-britannique au cours de son parcours scolaire : après un Baccalauréat au Lycée International de Saint Germain en Laye, elle intègre la licence en Design Produit de l’University for the Creative Arts de Rochester en Angleterre.

Diplômée l’année passée du Mastère international Design graphique du Campus Fonderie de l’Image, Jennifer transforme l’essai dans l’entreprise où elle réalisait son apprentissage en y étant embauchée en CDD. Aujourd’hui embauchée en tant que graphiste attitrée au service marketing d’une entreprise technologique spécialisée dans la publicité vidéo multi-écrans, StickyADStv, Jennifer compte bien s’assurer une place dans le monde de la création graphique.

Récemment elle est venue participer à l’Atelier #02-Signal organisé au Campus par l’Association Signes. Entre deux créations visuelles sonores, elle s’est alors prêtée au jeu des questions-réponses.

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Jennifer Larran au Campus Fonderie de l’Image, le 05 mars 2016 durant l’Atelier #02 — signal.

Campus Fonderie de l’Image : Qu’est ce qui vous a motivé à entrer en Mastère international Design graphique ?
Jennifer Larran :
Suite à ma Licence en Angleterre, j’ai fait une multitude de boulots tels que Community manager pour une start-up dans le jeu pour mobile, agent de lutte contre la fraude fiscale pour une banque britannique et même Event manager pour IBM. C’est au cours de cette dernière expérience que j’ai décidé de renouer avec mes amours premières : j’ai alors entrepris de replonger dans le bain du design en choisissant une formation adaptée à mes aptitudes et à mon expérience professionnelle. J’ai rapidement tourné mes recherches vers un Master en alternance - qui me permettrait de cumuler le diplôme et l’expérience – et j’ai découvert la formation proposée par le Campus Fonderie de l’Image.

CFI : Que représente le Campus Fonderie de l’Image et le Mastère international en Design graphique pour vous ?
J.L. :
J’ai adoré mon passage au Campus ! Non seulement pour la variété des professeurs et intervenants professionnels mais aussi pour les projets proposés. En terme de design graphique, j’avais pratiquement tout à apprendre et c’est justement la diversité des projets qui me l’a permis. Je dois avouer que je préférais être en cours qu’au travail. Parmi les souvenirs marquants que je conserve du Campus je citerai en premier l’ambiance de la classe. Nous étions une promotion soudée. Cette émulation a permis à chacun et chacune d’entre nous d’évoluer et de développer sa créativité et sa production. Je pense aussi au très bon workshop typo organisé par Olivier Nineuil, au jour du rendu de l’article de recherche en première année et qui m’a valu les compliment de mes professeurs - une vraie réussite pour une franco-britannique - ou même plus simplement au fait d’avoir pu apprendre à utiliser After Effects. Autant de bons souvenirs que de nouvelles cordes ajoutées à mon arc.

CFI : Et l’alternance dans tout cela ?
JL :
L’alternance m’a apporté un peu plus de deux années d’expériences professionnelles bien précieuses qui – inscrites sur mon C.V. - viennent enrichir mes aptitudes et mon profil professionnel.

CFI : De quoi traite votre sujet de mémoire et de projet professionnel ?
J.L. :
Sous la direction d’Émeline Brulé, mon mémoire s’intitule « La magie dans nos technologies ». Après avoir posé le postulat que la pensée magique guide notre appréhension et notre utilisation des objets à composantes numériques que nous utilisons tous les jours, j’ai décidé d’étudier les raisons et l’intensité même de ce recours à la magie que nous faisons dans la compréhension du digital.

CFI : Comment avez-vous mené ce travail de recherche ?
J.L. : Je suis plus à l’aise pour écrire en anglais qu’en français. Je l’ai donc écrit tout d’abord en anglais et ensuite traduit. Je savais que je prenais un risque de dérive philosophique voire ésotérique en choisissant un angle d’attaque aussi original et peu commun par rapport à une recherche plus classique en design graphique. Je me suis donc montrée particulièrement vigilante en me concentrant notamment sur l’argumentation.

Cliquez pour lire le mémoire de Jennifer.

CFI : Effectivement, l’approche que vous avez embrassée est très personnelle. C’est une liberté que vous offre le projet de fin d’étude ?
J.L. : Oui, nous sommes libres de proposer un sujet de recherche qui nous tient à cœur mais qui doit soulever des problématiques de Design. Pour ma part c’est plutôt lors du projet professionnel que j’ai pu allier mes goûts et ma personnalité à mon travail de graphiste. J’ai effectivement décidé de rendre hommage à l’un de mes auteurs préférés : Terry Pratchett. Cet auteur de fantaisie, décédé en mars 2015, m’a grandement influencé depuis ma tendre enfance. Dans un style très humoriste mais aussi tranchant, il s’inspire de notre monde, le retourne et le ré-invente dans son propre univers, en mettant bien en avant tous les aspects ridicules de nos sociétés. Mon projet professionnel m’a aussi offert la possibilité de travailler sur un support et un sujet que je ne connaissais pas du tout : l’édition dans le monde de l’ePub. J’ai ainsi créé un kit de lecture sur liseuse numérique pour une des œuvres de Pratchett. Ce kit offre au lecteur de nouvelles plongées dans la narration, grâce à la programmation de nouveaux contenus, des jeux et même des huiles essentielles pour ajouter un aspect sensitif et olfactif à la lecture.

CFI : Quelles sont les compétences acquises au Campus qui vous ont ouvert des portes ?
J.L. : En plus de la maîtrise des logiciels InDesign, After Effects, Font Lab acquise au cours des workshops, j’ai pu, grâce au projet pro - et à ma directrice de mémoire Émeline Brulé - me lancer en freelance en tant que créatrice de livre ePub et iBook.

CFI : Quels sont vos médiums de prédilection ?
J.L. : Je suis vraiment touche à tout, je n’ai pas de médium préféré. Je peux un jour faire de la 3D, le jour d’après m’intéresser au tricot puis passer au développement web le jour suivant. Par exemple en ce moment je me consacre à fond à un projet personnel sur le lettering et le maniement de la plume.

CFI : Quel a été le plus grand défi pour vous au moment de sortir du Campus ?
J.L. : L’entreprise qui m’avait accueillie pendant mon alternance m’a gardée en CDD jusqu’à il y a peu de temps. Après avoir travaillé en freelance je viens d’être embauchée en tant que graphiste dans le service marketing d’une entreprise technologique spécialisée dans la publicité vidéo multi-écrans, StickyADStv. Mon plus grand défi était bien celui-ci : parvenir à rester dans le domaine du design. C’est un défi relevé ! Après avoir fait autant de boulots différents et généralement sur des postes qui demandaient une personne parfaitement bilingue, aujourd’hui je souhaite lancer ma carrière dans ce qui me passionne. Parfois l’idée de mener un doctorat de recherche en design me titille mais avant toute autre chose je compte bien faire ma place dans le milieu de la création visuelle.

CFI : Quels sont les expériences qui vous ont le plus servies ?
J.L. : La découverte de l’ePub au cours de mon projet professionnel a été capitale dans l’acquisition de nouvelles expertises et compétences. Je dois dire qu’il ne faut pas non plus sous-estimer l’importance de la découverte de l’art de l’édition et d’un acquis tel que la mise en page que nous avons reçu au cours d’un projet éditorial de publication d’un recueil d’articles en première année.

CFI : Qu’est ce qui a marqué votre parcours au Campus ?
J.L. : Les rencontres. Je dois commencer par Émeline Brulé, ma directrice de mémoire, qui m’a permis de me lancer en freelance et à qui je dois beaucoup. Ensuite par Jérôme Liniger, notre professeur de scénographie et de rough, qui nous a bien fait comprendre qu’être apprenant ou apprenante au Campus ne signifiait pas se montrer scolaire, attendre de recevoir des notes et des encouragements mais profiter du temps dans l’établissement et sur les projets pour explorer nos capacités de graphiste et développer notre créativité et notre audace graphique. En gardant cela en tête, j’ai su m’amuser au sein des différents projets et ainsi en tirer de riches d’expériences. Un apprentissage précieux.

CFI : Comment avez-vous entendu parler de la masterclass Atelier#02 Signal ?
JL : C’est à travers le réseau des anciens étudiants que j’ai reçu la proposition de revenir dans mon ancienne école pour participer à cette masterclass. Je me suis inscrite pour vivre cette expérience de design sonore. N’ayant jamais travaillé autour du son, je me suis dit que c’était une bonne occasion.

CFI : Quels sont les enseignements que vous avez tirés de cette semaine ?
J.L. : La semaine a été très dense et très enrichissante. La rencontre avec Philippe Apeloig a été mémorable. J’ai surtout appris, entre autre grâce à Diemo Schwarz, les différents composants qui forment le son et comment l’être humain le perçoit visuellement (sans forcément passer par la synesthésie).
Pour ma part en terme de réalisation visuelle, j’ai choisi comme sujet pour mon projet le battement de cœur et ses représentations. J’ai voulu recréer cette sensation de pulsation sans utiliser les codes que nous connaissons aujourd’hui et notamment l’électrocardiogramme ou le symbole du cœur. J’ai donc choisi de générer une série d’anneaux concentriques autour desquels sont positionnés d’autres cercles. Ces cercles vont en s’agrandissant et se rétractant en fonction du son. Ce mouvement de va en vient, ainsi donné, représente une pulsation. Je cherchais à représenter les battements de cœurs humains : tous différents mais semblables structurellement. Ce projet aurait abouti à une application sur laquelle les personnes seraient invitées à charger leurs propres battements de cœur qui viendrait s’ajouter à la myriade d’autres et créer une mosaïque avec tous les autres battements chargés.

CFI : Comment continuez-vous à apprendre des choses en matière de design graphique aujourd’hui ?
J.L. : Je mène surtout de la recherche graphique pour moi-même comme par exemple le lettering même si c’est difficile de trouver du temps pour poursuivre sa pratique de création personnelle quand on travaille.

CFI : Le métier de designer idéal : à quoi ressemble-t-il ?
J.L. : Métier, je ne sais pas… Mais si j’avais suffisamment de courage, je me mettrai en freelance complétement et je proposerai mes services en design packaging/produit, éditorial/ePub et graphisme tout court.

CFI : Un conseil pour les étudiants du Campus ?
J.L. : Faites-vous plaisir avec vos projets. Même s’ils ne sont pas dans un domaine dans lequel vous vous sentez à l’aise, regardez les comme un challenge nouveau à chaque fois. Pensez : « allez encore une bonne corde à ajouter à mon arc ».

CFI : Quelles sont les dernières expositions que vous êtes allée voir ? le livre qui se trouve sur votre table de chevet ?
J.L.: Parmi les dernières expositions que je suis allée voir : une qui date est celle du studio Aardman (créateur de Walace et Gromit, et Shaun the Sheep) au Musée des Arts Ludiques, Au bord des mondes et Takis au Palais de Tokyo. Sinon, j’ai sur ma table de chevet le pavé qu’est l’intégrale de Dune de Frank Herbert. Trop lourd à transporter dans le métro, heureusement que j’ai une liseuse numérique !

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