Le 26 mars, le concours annuel de dessin de presse le Trophée Presse Citron, a dévoilé les 21 finalistes en lisse pour le premier prix de la 7e édition du concours dont le thème est cette année “Garde tes sens en alerte”. Parmi ces 21 finalistes figurent Manon Halablian, Dana Campello et Laurène Muret, toutes les trois étudiantes en DN MADe au Campus Fonderie de l’Image.
Le 1er avril, les annoncent tombent ! Le dessin de Manon Halablian est primé. Manon reçoit le premier prix du concours étudiants avec son dessin “Les colleuses” ! Le Campus est très fier que ce premier prix soit attribué pour la deuxième année consécutive à une étudiante de l’école : la nomination de Manon pour le prix succède à celle de Lola Amsellem, étudiante en BTS Print, qui avait remporté en 2019 le concours avec son dessin “Samedi c’est piscine”. Pour Manon, c’est aussi une bonne nouvelle : « je savais que j’avais fait quelque chose d’intéressant mais vu le travail des autres finalistes, je ne pensais pas que ce serait le mien qui serait choisi. C’est impressionnant et encourageant à la fois. »
Organisé par l’Ecole Estienne en partenariat avec la BnF, pendant la Semaine de la Presse et des Médias, le Trophée Presse Citron a pour objectif de rassembler les étudiant-es d’école d’art françaises et internationales et les dessinateurs et dessinatrices de presse professionnel-les autour de la question de la liberté créatrice du dessin de presse. Le concours est divisé en quatre catégories : le concours étudiants, le concours professionnels, le concours Yuzu, et pour la première année, le prix Charlie.
Depuis cinq ans, les étudiant-es du Campus Fonderie de l’Image participent au concours dans le cadre du programme pédagogique de la formation en DN MADe au sein d’un workshop articulé par Luce Mondor, organisatrice du Trophée Presse Citron, et Margot Mourrier Sanyas. Encadré-es par leurs formateurs et formatrices, les étudiant-es assistent à des conférences animées par Luce Mondor, sur la partie histoire du dessin de presse et enjeux du concours, et par les dessinateurs Pakman et d’Etienne Lécroart. Ces derniers, juste après leur intervention, accompagnent alors les étudiant-es dans un atelier de dessin. Ils leurs précisent alors les astuces d’un dessin de presse percutant et lisible, leurs donnent des conseils techniques de cette pratique.
Manon, Laurène et Dana ont bien voulu nous raconter comment elles ont vécu cette expérience dessinée et nous parler de leurs parcours d’études en design.
Pakman, Manon, Laurène, Dana et Luce Mondor
Campus Fonderie de l’Image : Bonjour Dana, Laurène et Manon, tout d’abord félicitations ! Pourriez-vous vous présenter ?
Laurène : Je m’appelle Laurène Muret, j’ai 25 ans, je suis graphiste en alternance au Campus Fonderie de l’Image. J’ai toujours aimé créer. Avant le graphisme, j’ai fait pas mal de choses : de la coiffure, voyager, de la comptabilité, travailler dans un aéroport. Je suis une touche-à-tout. Dans la vie, j’aime la mode, voir mes ami-es, je suis curieuse et j’aime aller voir des expositions.
projet d’affiche « Nourrir Paris Demain »
projet de fanzine
Manon : Je suis en DN Made Animation, une filière que j’ai choisi pour apprendre le motion design. J’aime beaucoup dessiner et je poste régulièrement des dessins sur un de mes comptes instagram : _leopard_chan_. J’ai aussi un portfolio en ligne qui présente quelques uns de mes travaux dont mes animations : https://manonhalablian.wixsite.com/portfolio
Dana : Je m’appelle Dana Campello, je viens de Belfort dans le 90 et je suis étudiante en DNMADe au Campus, (instagram : @danacampello).
l’animation de l’affiche réalisée pour le salon du livre de Montreuil, où j’ai essayé de représenter plein d’univers littéraires différents sous un univers graphiques.
Une courte boucle d’animations réalisée cette semaine concernant le confinement, et ce qu’il se passe actuellement.
Campus Fonderie de l’Image : Ce workshop autour du Trophée Presse Citron Bnf était-ce une première pour vous ? Comment est ce que cela s’est déroulé ?
Laurène : Je ne m’intéressais pas plus que cela au dessin de presse. J’ai appris que c’était plutôt difficile de réaliser un dessin de presse, qu’il fallait qu’à l’instant où une personne voit notre dessin, elle en comprenne directement le sens. Pendant le workshop, nous avons dessiné tou-tes ensemble dans la Grande salle de la Fonderie (cf : salle de l’école qui accueille les conférences, les événements publics et certains ateliers). Les dessinateurs de presse, comme Pakman, nous accompagnaient alors et nous donnaient des conseils sur nos dessins. Il y a eu tellement de dessins sur le coronavirus que c’est ce sujet et ses nombreuses interprétations m’ont marqué. Je citais le dessinateur Pakman plus haut car la présentation de son travail et ses conseils m’ont beaucoup aidé. Bénéficier de son point de vue, c’était génial.
Manon : Pour commencer avec le workshop, je dois dire que j’étais très impatiente d’y participer. Je ne suis pas une grande fan du dessin de presse mais comme tout le monde, je suis déjà tombée sur un bon dessin qui m’a fait rire. Cela m’a toujours donné envie d’essayer. J’ai appris que le dessin de presse se déployait sur plusieurs supports et qu’il prenait des formes assez différentes. Découvrir le milieu avec des conférences à la fois didactiques et humoristiques était très agréable.
Dana : Avant le workshop je ne m’intéressais pas trop au dessin de presse car j’avais une vision un peu biaisée du sujet et je ne me rendais pas compte que c’était aussi vaste, avec autant de possibilités. Dans ma tête, le dessin de presse était l’outil de l’utilisateur passif-agressif de Facebook voulant faire la leçon à tout le monde. J’ai vite remarqué la diversité dans les styles narratifs et les styles de “critique”, plus subtiles et intelligentes que ce que je pensais. J’ai été marquée par la présentation de Luce Mondor car elle montrait justement cette diversité à travers les travaux de dessinateurs et dessinatrices professionel-les différent-es. J’ai adoré voir l’influence de la sensibilité des personnes sur leur travaux. Je pense que la première phase de dessin a été la plus importante car après la présentation nous étions tou-tes inspiré-es et n’avons eu que très peu de temps pour tout retranscrire sur papier, ce qui nous a permis une “explosion d’idées”.
CFI : Pouvez-vous nous présenter et parler de vos dessins pour le concours ?
Laurène : Pour le concours, j’ai présenté un dessin où l’on voit un prêtre, la main posée sur la tête d’un enfant. L’enfant sourit ainsi que le prêtre. Mais le sourire du prêtre est, lui, mauvais, puisque derrière lui se trouve son ombre. Elle représente le diable. J’ai fait ce dessin pour dénoncer la pédophilie dans les églises. J’ai choisi ce sujet car nous en avons beaucoup entendu parler et de plus en plus, notamment avec l’affaire Preynat. Je trouve que ces histoires sont scandaleuses. Pour aboutir à ce dessin, je me suis d’abord demandé sur quel sujet d’actualité je voulais travailler. Puis j’en ai choisi un et j’ai cherché des symboles forts pour faire passer mon message à travers mon dessin. Je n’ai pas reçu d’aide ni de conseil. J’avais travaillé sur d’autres dessins pendant les atelier du workshop mais je ne les ai pas présentés. Ce dessin est venu après et j’ai décidé que je le présenterai alors pour le jury du workshop. Les juré-es m’ont félicitée et j’étais plutôt fière : c’est donc ce dessin que j’ai envoyé pour le concours et qui a fait parti des sélectionnés.
Prêtre / diable, par Laurène Muret
Manon : Pour le jury comme pour le concours, j’ai présenté trois dessins (cf : pas de limite d’envoi de dessins pour le concours, voire modalités du concours). Mes sujets, étaient comme beaucoup, le coronavirus mais aussi le féminicide. Et celui qui a été sélectionné parlait des deux à la fois. Je voulais parler de la condition de la femme qui, malgré les grandes perturbations, souffrait toujours des maux de la société. J’ai l’habitude de dessiner des croquis assez régulièrement alors j’ai procédé de la même façon. J’ai représenté une colleuse qui colle une phrase sur un mur. C’est un vrai collage qui m’a inspiré. Je le voyais souvent alors je l’ai juste adapté au contexte du coronavirus. Le meilleur retour que j’ai eu du jury à propos de ce dessin était de le qualifier de « dessin intelligent ». Mes deux autres dessins avaient quelque chose de beaucoup plus burlesque comme celui avec le coronavirus qui fait du pole dance dans le métro.
Les colleuses, par Manon Halablian, dessin lauréat du prix étudiants
Dana : Les trois dessins que j’ai réalisé pour le concours concernaient tous le sujet de la retraite. Je pense que ce sujet m’importe tant car il nous concerne tous et toutes, concerne nos parents, nos grands-parents… C’est un sujet dont je parle souvent avec ma grand-mère. Mon travail a commencé avec pour inspiration une phrase que j’ai vu sur un tag sur l’autoroute “ta mère elle aura pas la retraite”, et à partir de là, j’ai étalé toutes les idées concernant le fait de travailler jusqu’à très tard, avoir un avenir incertain, etc. Pakman a “validé” mes idées et m’a donné des conseils sur le côté graphique pour retranscrire mes idées plus symboliquement.
La retraite, par Dana Campello
CFI : Vous êtes toutes les trois en deuxième année de DN MADe au Campus Fonderie de l’Image : qu’est-ce qui vous a amené à venir étudier au Campus ? Quelles sont les particularités de cette formation ?
Laurène : J’ai choisi le campus Fonderie de l’Image puisque c’était l’un des rares établissements qui proposait la formation de DN MADe option design graphique en alternance. Je l’ai connu sur Parcoursup. Comme je le disais plus haut mon parcours scolaire est la preuve des curiosités dont je fais preuve : je suis diplômée d’un baccalauréat STG comptabilité des entreprises, puis je me suis dirigée dans la coiffure. J’y ai fait trois ans d’études et deux ans d’alternance. J’ai décidé ensuite de changer de voie, je suis partie 3 mois à Malte pour apprendre l’anglais. J’ai travaillé un an dans un aéroport en tant qu’hôtesse d’accueil. C’est alors que j’ai décidé d’accéder au monde du design et pour me mettre à niveau dans ce domaine j’ai passé un baccalauréat STD2A Arts appliqués en candidat-e libre, diplôme que j’ai obtenu. Puis j’ai commencé ma formation de designer-e graphique en alternance au Campus Fonderie de l’Image.
Manon : Avant j’étais à l’université où j’ai obtenu une licence Lettres et Arts. C’est une connaissance qui m’a parlé de l’école, je voulais absolument faire de l’alternance alors j’ai tenté et maintenant j’y suis.
Dana : J’ai trouvé le Campus sur Parcoursup, je cherchais une formation en alternance en animation. Avant ça, j’ai fait un bac littéraire avec spécialité cinéma et audiovisuel. Je faisais également beaucoup de peinture et je cherchais une formation où je pourrais m’épanouir à la fois dans le côté numérique et artistique. J’aimerais, plus tard, travailler dans la direction artistique.
CFI : Quelle spécialité avez-vous choisi pour votre DN MADe ? Pourquoi ce choix s’est porté sur cette spécialité : est-ce par affinité, en vue d’un projet professionnel ?
Laurène : J’ai choisi l’option design graphique. J’ai choisi cette spécialité parce que c’est celle qui me correspondait le plus, j’étais attirée par le fait de créer des affiches, des packagings.
CFI : Pouvez-nous nous dire où vous travaillez en alternance ? Quelles y sont vos missions ? Que vous apporte l’alternance ?
Laurène : Je travaille pour l’Agence Ccom’, je conçois des flyers, cartes de visite, panneaux et autres supports de communication pour des agences immobilières. J’y ai appris à me servir des logiciels tels que Photoshop, Illustrator ou encore Indesign que je ne connaissais pas avant. J’y apprends aussi à développer ma créativité avec certaines contraintes.
Manon : Mon alternance se passe à Orange où je fais essentiellement des illustrations en flat design pour les supports de communication. J’y apprends pas mal de choses sur la communication visuelle et j’ai la chance de faire partie d’une équipe agréable avec laquelle mon expérience en entreprise se passe très bien.
Dana : Je travaille pour l’agglomération Grand Paris Sud. Je fais plein de choses différentes, allant de tournages (au drône parfois), du montage vidéo, trucage, habillage vidéo et surtout motion design. L’alternance me permet d’acquérir des compétences pour le monde professionnel. Mes tâches sont un peu différentes de ce que je fais à l’école et j’adore ça, car elles me permettent d’avoir des compétences dans des milieux très différents. Mais plus réalistiquement, à condition de trouver une entreprise, l’alternance est le meilleur moyen d’étudier dans de grandes villes quand on vient de province.
CFI : Savez-vous ce que vous souhaitez faire après votre DN MADe : projet professionnel, poursuite d’études ?
Laurène : Je ne sais pas exactement. Mais pourquoi pas devenir directrice artistique dans le milieu de la mode ou dans une société qui réalise des packagings.
Dana : Après mon DNMADE, j’aimerais poursuivre en master de direction artistique spécialisé dans le motion design (découvrir le mastère Direction de création en design graphique du Campus Fonderie de l’Image).
CFI : Est-ce qu’il y a un conseil, une phrase, une rencontre ou autre qui vous a marqué pendant votre parcours depuis que vous êtes en DN MADe ?
Laurène : Je pense que c’est important de croire en soi et en ce qu’on fait, pour le concours du dessin de presse je ne pensais pas être sélectionnée et pourtant je l’ai été.
Dana : Je pense que les plus grandes choses que le Campus m’ait apporté sont les relations humaines. On pourrait penser qu’il s’agit d’un milieu compétitif, mais en réalité j’ai appris énormément de mes camarades, nous sommes toujours dans l’entraide et nous nous poussons mutuellement vers le haut.