Clémence Burgot, diplômée du Mastère Directeur-e de création en design graphique du Campus Fonderie de l’Image en juillet 2019 (pour découvrir son diplôme autour de la typographie cliquez-ici), a lancé il y a 2 jours un très beau projet solidaire intitulé Les Cartes Vitales en soutien à un fond commun pour les soignant-es et la recherche dans la lutte contre l’épidémie.
Dix-huit illustrateurs et illustratrices français-es, dont Jean Jullien, Agathe Sorlet, Malika Favre, ou encore Les Canailles et Bérénice Milon qui ont déjà participé aux Puces de l’Illu, ont illustré chacun et chacune une carte postale, à commander et à envoyer à ses proches. Les bénéfices sont reversés au fonds de soutien “Tous unis contre le virus”, constitué par l’AP-HP, la Fondation de France et l’Institut Pasteur. Un bel élan de solidarité en cette période trouble, qui rencontre beaucoup de succès car l’objectif initial de 1 000€, a été atteint et dépassé pour arriver à 10 000€ en à peine 4 jours.
Pour découvrir les lots de Cartes Vitales et participer si le cœur vous en dit : c’est par ici
Bonjour Clémence, un grand bravo pour ce projet qui a d’ores et déjà plus qu’atteint son objectif. Peux-tu te présenter ?
Bonjour, je suis Clémence, 25 ans, co-fondatrice du mouvement “Les Cartes Vitales”. J’ai été diplômée au Campus Fonderie de l’Image en juin 2019 (Master directrice de création en design graphique). Cela fait 6 mois maintenant que je travaille en tant que directrice artistique chez Panopli, entreprise proposant des objets personnalisables ainsi qu’un outil de gestion pour faciliter la commande. Compte tenu de la situation actuelle, tous confinés, il m’est impossible de rester sans occupation tout ce temps et surtout de ne pas m’investir dans un projet solidaire.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur la naissance du projet ?
Il y a quelques jours, Adrien, co-fondateur de Panopli, me parle de l’idée de vouloir monter une campagne solidaire sur Ulule dans le but d’aider les personnes qui ont en le plus besoin actuellement, par le biais de cartes postales illustrées. Je le suis rapidement dans son idée, et nous commençons donc à interroger des artistes sur leur volonté de vouloir nous suivre dans ce projet. La majorité nous répond OUI. Nous commençons donc à réfléchir à l’ensemble du projet : Qu’est-ce que nous voulons raconter ? Comment le projet s’appellera ? A quoi va ressembler l’identité du projet ? Et quand lancer la campagne ? Nous sommes samedi et nous décidons de lancer le projet le mercredi suivant ! Quatre jours pour monter le projet ? Challenge accepté ! Let’s go.
Quel est ton rôle dans le projet des Cartes Vitales ?
Je commence à monter l’identité du projet, la page Ulule, ainsi que les visuels pour les réseaux et le projet commence à prendre vie. De nombreuses discussions ont lieu avec Adrien et Hugues pour réfléchir à toutes les facettes du projet. Aujourd’hui, le projet est en ligne. Il faut avouer que faire une campagne sur Ulule c’est un peu une mission au jour le jour. Chaque jour, il faut réfléchir aux différents posts et stratégies du lendemain. Le plus agréable dans cette campagne c’est que nous sommes multi-casquettes. Il faut être à la fois force de propositions et en même temps continuer de se battre pour atteindre les meilleurs objectifs dans cette lutte contre le virus.
Tu as également obtenu l’année dernière ton diplôme de Mastère Directeur-e de création en design graphique au Campus, peux-tu nous dire quelques mots sur ta démarche graphique et artistique ?
Après trois ans à l’école supérieure d’art de Bretagne et deux ans à la Fonderie de l’Image à Paris, je me situe entre le design graphique et la recherche plastique. La notion de matérialité est souvent le point de départ de l’ensemble de mes recherches. La matérialité est une chose capitale dans mon processus de création puisqu’elle propose sensation et qualités physiques ce qui permet une interaction entre l’espace de création et celui du spectateur. La pluridisciplinarité est une notion qui me paraît essentielle dans la conception. Le rapprochement et la confrontation des disciplines dans le champs de la création amènent à une ouverture ainsi qu’à une certaine richesse visuelle, le but étant de retranscrire au plus proche du réel, toute la complexité notre société.
Peux-tu expliquer en quoi consistait ton projet de diplôme ?
J’ai réalisé un projet qui s’inspire de mes créations artistiques en y alliant mon savoir faire graphique. La volonté première était de travailler autour de la lettre dans l’espace. Sortie de son système de lecture, elle n’est plus lettre mais objet. Déplacer la lettre comme forme architecturale est une notion toute aussi intéressante : nous tournons autour d’elle dans un espace physique, et la contemplons comme un objet. Dans l’espace du livre, elle disparaît, ancrée dans le système de lecture. Nous ne regardons alors plus le R d’une signalétique sans regarder un ensemble. Le lettre est travaillée comme une sculpture, elle sort de l’espace bidimensionnel du livre. L’expérimentation, source première de mon processus de travail, me permet d’approcher la lettre par sa décomposition. À mon sens la décomposition est une notion intéressante pour comprendre la construction d’une forme.
Comment as-tu mis en œuvre tes recherches ?
Pour ce projet j’ai commencé par expérimenter autour de la lettre, j’ai utilisé le logiciel de conception 3D Blender afin d’appréhender la lettre dans un espace en trois dimensions et être en mesure de travailler autour de sa forme. Dans la volonté de sortir les lettres de l’ordinateur et de travailler autour de la composition/décomposition, j’ai développé un processus de lettres à construire. Certaines de mes premières expérimentations ont été converties en formes à plat qui, ensemble, forment une construction physique de la lettre modélisée. Cette typographie est composée de l’axe Y (vertical) et l’axe Z (horizontal). Afin de comprendre cette construction, j’ai proposé plusieurs outils permettant la construction d’une lettre. Pour exemple, le spécimen « 480YZ » est un livre qui propose une mise à plat des outils, une présentation du processus. Une lettre peut se composer de 15 formes comme de 25. Ici, tous les éléments sont soit des Y, ou des Z. On remarque un système de “formes visibles” et de “formes s’imbriquant” . Nous retrouvons en bas à droite de chaque double page un axe expliquant ce processus. La construction d’une lettre se réalise par ces formes qui s’imbriquent avec la forme présente au centre de la page. Je me positionne sur une pratique davantage « d’auteurs » où j’expérimente ici les outils que j’ai pu utiliser pour créer des sculptures dans la construction de lettres. L’alliance des deux est une façon pour moi de mettre en place un processus créatif questionnant plutôt la typographie dans un système de recherche, qu’une typographie servant à la lecture.
Retrouvez Les Cartes Vitales sur Instagram
Retrouvez Clémence Burgot sur Instagram