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Interview de Laurindo Feliciano

Mercredi 17 décembre 2014, l’illustrateur Laurindo Feliciano animait une conférence au Campus, et nous parlait de son parcours et de processus créatif. 

Tout d’abord, peux tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

Je suis né au Brésil en 1980 et je vis en France depuis 2003. Avant de venir en France j’ai étudié le design de produit et une fois ici j’ai étudié l’architecture d’intérieur. J’ai travaillé dans des agences d’architecture à Paris pendant des années et mon intérêt pour les Arts graphiques a toujours été un atout dans ces agences pour des concours et le traitement d’images. J’ai décidé de changer ma carrière envers l’illustration en 2009 et petit à petit, j’ai acquis les compétences pour ça et grâce à Internet j’ai construit une carrière. 

D’où vient ton intérêt pour le dessin ? Y a-t-il eu un déclencheur ?

Comme tout illustrateur, j’ai toujours dessiné. À l’age de 15 ans j’ai participé à un workshop sur les illustrations de livres pour enfants. J’ai été introduit à la sémiotique et m’a vie a été bousculé, désormais je savais qu’existait une science qui étudiait les signes et las différentes manières dont les gens peuvent interpréter les signes. 

Quelles sont tes inspirations et tes références ?

Mes artistes préférés sont Cy Twombly, Joseph Beuys, Max Ernest et Magritte. Je suis très inspiré de littérature, musique, cinéma, philosophie et culture pop.

Quel est ton processus de travail ?

Mon travail est un mélange de collage et peinture numérique réalisés avec Photoshop. La source d’images de mon travail ce sont plus de 10 ans de collecte d’un grand nombre d’archives, livres et magazines anciens. Ma recherche est continue. Les images sont scannés et modifiés dans un long processus pour trouver ma palette des couleurs et des visuels très homogènes, comme si les différentes images ont été faites pour être rassemblées.

Arrives-tu à poursuivre ta pratique personnelle parallèlement aux commandes ?

Oui, un artiste doit toujours se renouveler. La meilleure façon de le faire c’est sur des projets personnels, qui permettent à l’ artiste de pouvoir garder sa liberté créative et de trouver des nouveaux chemins. des réponses esthétiques surprenantes et originales. 

Qui sont tes clients ?

Des quotidiens, magazines et agences de publicité du monde entier. Wired Magazine, The Financial Times, Les Inrockuptibles, Publicis entre autres. 

Est-ce indispensable d’avoir un agent lorsqu’on est illustrateur ?

On peut se passer d’un agent, mais le temps consacré à chercher des clients peut être néfaste pour la création des travaux personnels. Les agents ont un carnet d’adresses fourni et ils savent faire ce que nous, créatifs, ne savons pas le faire dans la plus part des cas : négocier les tarifs. Un bon agent aussi peut donner des précieux conseils sur certaines tendances du marché de l’illustration. 

Que penses-tu du marché de l’illustration en France ?

L’illustration dans le marché anglo-saxon a une autre valeur que celle en France. Ici le marché est en train d’évoluer, sur les droits d’artistes et des meilleurs tarifs, mais le chemin est long et dur. Les agents français se sont regroupés pour faire face à ce que nous appelons crise, ou la faillite de tout un système insensé, mais le prix payé pour les travaux d’arts graphiques ici sont, de manière générale, plus bas que dans d’autres marchés.

Quels sont tes projets futurs ?

J’espère en 2015 pouvoir réaliser un courte d’animation et travailler sur deux publications, une personnelle et autre avec l’illustrateur anglais Paul Burgess. J’ai un autre projet pour aller contre un aspect à ne pas négliger quand on est créatif indépendant : l’isolement. Depuis 2013 je vis à Montbard, en Bourgogne, et avec d’autres créatifs de la région nous sommes en train de créer un espace de coworking et partage de compétences. La Ménagerie du 27 sera un endroit ou des individus qui ont des métiers complémentaires iront se retrouver, échanger leur créativité et valoriser la région. 

Pour finir, quels conseils donnerais-tu aux étudiants du Campus Fonderie de l’Image ?

Bien parler anglais est indispensable, nous vivons dans un monde globalisé et cela ne va pas changé. Travaillez dur et de manière régulière. Avoir du talent c’est important mais le facteur décisif est de combien vous êtes motivés. Essayez de comprendre votre métier, le marché visé et anticipez les changements constants, avec un regard critique et original. Personne ne demandera votre diplome, mais votre portfolio doit être le reflet de votre personnalité. 

Propos recueillis par Marion Mbemba.

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