
Pouvez-vous vous présenter :
Je m’appelle Oscar et je suis diplômé d’un Mastère Directeur artistique digitale à la Fonderie de l’Image.
Où avez-vous effectué votre stage (entreprise, ville, pays) ?
J’effectue mon stage à Donnalucata, une petite ville du sud de la Sicile en Italie. Je travaille dans l’entreprise Siciliamia, une entreprise dédiée au développement du tourisme en Sicile. L’entreprise rénove d’anciennes maisons en pierre siciliennes destinées à être transformées en gîtes et participe également au développement d’une agriculture durable dans la région.
Quel était votre rôle et quelles étaient vos missions principales ?
Malgré mon bagage en design graphique, j’ai voulu m’essayer à la production photo et vidéo. Dans l’entreprise je m’occupe du pôle image dans lequel nous avons pour projet de développer une chaîne YouTube pour documenter l’évolution des projets sur place. En ce sens, nous organisons des journées de tournages avec l’équipe. Ces journées sont assez denses et passent par la rédaction de scripts, la planification des différentes étapes de tournage, la préparation du matériel, les prises de vues sur place, puis viennent le dérushage, le montage vidéo, le mixage audio et l’étalonnage. Pour ce faire nous sommes une petite équipe de trois personnes.
Je m’occupe également de la direction artistique de la chaîne, c’est-à-dire établir les différentes règles qui permettent de rendre les vidéos visuellement cohérentes entre elles : colorimétrie, composition de l’image, musiques, effets sonores, ton of voice, réglages caméra etc. Ensuite, tout doit être rédigé sous forme de guideline book. L’entreprise Siciliamia est une start-up c’est pourquoi nous sommes parfois amenés à travailler dans des domaines nouveaux pour nous, dans ce cadre j’ai eu l’occasion de participer au recrutement des personnes pour rejoindre nos équipes.
Qu’avez-vous appris du métier de vidéaste ?
J’ai beaucoup appris en technique photographique, il faut dire que je partais de zéro. J’apprends tout en faisant, avec du matériel professionnel, j’ai amélioré ma connaissance des réglages sur un boîtier de caméra, le triangle d’exposition, la prise de son et l’utilisation d’équipements de prise de vue diverses comme le drone, mais aussi les logiciels de montage et d’étalonnage comme DaVinci Resolve. J’en ai également appris plus sur les méthodes de composition en vidéo et de hiérarchie de couleur ce qui reste intimement lié avec ma pratique du design graphique. Je suis persuadé que les compétences que j’ai acquises m’aideront par la suite.
Avez-vous observé des différences dans la manière de travailler par rapport à la France ?
Oui beaucoup, mais cela est plus lié au fait que l’entreprise dans laquelle je travaille compte des employés du monde entier. J’ai des collègues Slovaques, Égyptiens, Norvégiens,Hollandais, Britanniques, Paquistanais… Je ne pense donc pas que mon entreprise soit très représentative de la manière de travailler en Sicile. Mais pour l’anecdote, entre 13h et 16h tous les commerces ferment. C’est l’heure de la sieste, ici c’est un moment sacré.
Quels défis professionnels avez-vous rencontrés et comment les avez-vous surmontés ?
La chose la plus difficile pour moi a probablement été l’écriture des scripts. Avant un tournage, il faut d’abord rédiger et établir l’agencement de chaque plan qui compose la vidéo. Les plans, qui peuvent se matérialiser par des storyboards ou des images de références, doivent correspondre à un numéro de scène, à une voix off ou musique (s’il y en a une), une description de la scène et un timecode. C’est une étape cruciale dans l’idéation d’une vidéo, car c’est la partition que l’on lira le jour du tournage. Après plusieurs jours d’écriture et de relecture avec mon tuteur nous sommes finalement arrivés avec une version des scripts qui nous convenait.
Pouvez-vous nous parler d’un projet concret sur lequel vous avez travaillé ?
La création d’une chaîne YouTube (projet toujours en cours). Le thème de la chaîne est la rénovation d’anciennes maisons de pierres siciliennes, le but de la chaîne est de montrer l’évolution du projet de rénovation tout en partageant le style de vie sicilien.
Comment cette expérience a-t-elle renforcé votre confiance en vous et votre autonomie ?
Dans le cadre d’une start up, de nombreux projets requièrent de l’autonomie et de l’adaptabilité. La planification des tournages force à être ponctuel car il faut conduire l’équipe, planifier les différentes scènes et assurer deadlines. Il faut savoir s’adapter rapidement, le jour de tournage car le temps nous est compté, il faut penser à tout, aux réglages caméras, à la lumière, il faut savoir être réactif, ne rien oublier. Cette expérience m’a également aidé à exprimer mes idées plus librement et à renforcer la légitimité de mes propositions. Le fait qu’on me confie des tâches importantes, comme le recrutement ou d’autres missions essentielles pour Siciliamia, témoigne de la confiance accordée à mon travail, ce qui me donne davantage d’assurance dans mes choix artistiques et ma capacité à prendre des décisions.
Avez-vous amélioré vos compétences linguistiques ? Si oui, comment ?
Pour l’anglais je pense avoir beaucoup progressé. Comme mentionné plus haut, je travaille au quotidien avec des gens du monde entier ce qui me pousse chaque jour à échanger avec eux en anglais. J’ai également pu enrichir mon vocabulaire technique lié à mon travail, ce qui pourrait me permettre d’échanger avec une clientèle plus internationale à l’avenir. En italien, j’ai un niveau débutant, mais j’essaye de m’améliorer grâce à des cours avec un professeur particulier.
Quelles sont les compétences que vous avez le plus développées grâce à cette mobilité ?
L’adaptabilité, la prise de décisions, l’anglais.
Quelles ont été vos plus belles découvertes (ville, gastronomie, rencontres, artistes…)?
La plus belle ville que j’ai pu visiter en Sicile est Taormine, c’est une ville à part, très colorée, bâtie sur un rocher elle surplombe la mer et a une vue magnifique sur le mont Etna !
Si je devais recommander un type d’arancini ce serait celui goût pistache qui est très bon. Et si vous voulez en manger un excellent, prenez le chez Angolo Dei Sapori Siciliani et dégustez-le face à la mer.
Filmer à Donnalucata m’a amené à faire des rencontres, un matin lorsque j’étais en train de prendre en photo une vieille Fiat 500 rouge le patron du bar d’en face m’a interpellé en me disant que c’était la sienne et qu’il pouvait la conduire pour moi. J’ai évidemment accepté, et suis allé récupérer mon matériel pour filmer. Sa fille est venue aider à la traduction en anglais et nous avons eu droit à un tour en voiture pendant une heure dans la ville.
Quel a été le moment le plus marquant de votre stage ?
Pour le moment, skier sur le mont Etna. Avec toute l’équipe de mon entreprise, nous avons passé le week-end à skier sur le volcan Sicilien. J’avais pour mission de filmer le trip pour les réseaux de l’entreprise. Pour l’anecdote, Lina une collègue originaire d’Égypte voyait de la neige pour la première fois de sa vie, on a aussi essayé de l’initier au ski, et elle s’est vraiment bien débrouillée. Ce qui m’a le plus marqué c’est la vue sur la mer depuis la piste, les skis aux pieds.
Quels conseils donneriez-vous aux apprentis souhaitant partir en Erasmus ?
Je conseillerais de n’avoir aucune attente particulière seulement d’être curieux, ouvert d’esprit et motivé.
Recommanderiez-vous cette expérience ? Pourquoi ?
Oui, je recommanderai l’expérience Erasmus+. Je pense que le programme favorise une ouverture sur le monde en rencontrant des personnes de langue et de cultures différentes. Il permet de se découvrir soi dans un autre contexte que celui de la France. Le statut de stagiaire et le fait de ne pas être payé par l’entreprise aident à ne pas ressentir trop de pression comme on pourrait le ressentir dans un premier travail en CDD en sortie d’études par exemple. L’Erasmus permet d’apprendre, d’expérimenter et de faire des erreurs tout ça dans un cadre professionnel encadré.
Il y a aussi la dimension linguistique qui est très importante. Être plongé dans l’utilisation d’une langue étrangère pendant 6 mois montre ses effets, notamment pour utiliser un vocabulaire technique lié à sa profession, mais aussi pour apprendre des mots ou des expressions de langage de la vie courante que l’on apprend pas forcément à l’école.
En bref, je pense que l’expérience Erasmus+ trouve tout son sens pour des étudiants ou jeunes diplômés qui cherchent une expérience avant d’accéder au monde du travail. Pour moi, le programme gagnerait à être élargi à plus de monde car c’est un dispositif unique et enrichissant, qui mériterait d’être vécu par encore plus de jeunes européens.




