Depuis des mois s’est développé un engouement démesuré au sujet des NFTs (Non Fongible Tokens ou jeton non fongibles) considérés comme LA solution commerciale et financière aux marchés artistiques. Des ventes spectaculaires ont alimenté une bulle spéculative qui fort heureusement est en train de sérieusement dégonfler.
Mais en réalité, ce qui transparaît est que l’immense majorité du public et des professionnels ne connaît pas l’utilité majeure des NFTs et notamment la sécurité qu’offre l’enregistrement dans la blockchain de fichiers numériques.
Les NFTs permettent ainsi aux auteurs de protéger et de certifier à moindre coût leur création : illustration, maquette, présentation, film, typographie, texte, animation…
Les NFTs, un outil de protection et de gestion des droits d’auteur
En tout premier lieu, cassons d’emblée une idée communément propagée par des médias : les NFTs ne sont pas de l’art, c’est même tout sauf de l’art.
Tout dépend de ce que l’on appelle le « sous-jacent », c’est à dire le fichier numérique qui a été « minté » (enregistré) grâce à l’interaction avec le smart contract, et de ce sous-jacent découle la nature du NFT. S’il s’agit d’une création artistique, on peut alors considérer le NFT comme un objet artistique.
Un NFT n’est donc ni plus ni moins et n’en demeure pas moins, quelle que soit sa nature, qu’un certificat d’enregistrement dans la blockchain et c’est tout son intérêt !
Ce certificat d’enregistrement est considéré actuellement comme la solution ultime pour protéger les créations et en gérer les droits d’auteur… Il permet ainsi la sécurisation des créations et des droits de propriété intellectuelle : une fois le mint réalisé par le créateur, il n’y a plus aucune contestation possible de la paternité, de l’authenticité, de la date de la création, et ce pour l’éternité… numérique.
Il s’ajoute aujourd’hui et se substituera probablement demain à tous les organismes d’enregistrement et de gestion des droits ; le créateur reprend le contrôle de sa création en la protégeant, en la monétisant au mieux et en décidant des différentes façons de la vendre notamment grâce à l’utilisation de licences d’exploitation intégrées aux smart contracts.
Ce sont les smart contracts qui permettent d’en gérer automatiquement les droits, de rémunérer directement et tout aussi automatiquement des co-détenteurs de droits, de toucher des royalties sur les reventes au seconds marchés, d’informer véritablement les acquéreurs d’une œuvre des droits dont ils disposent réellement, gérer de façon automatisée et directement les utilisations qui peuvent en être faites, céder partiellement ou totalement les droits pour une période de temps limitée, recevoir automatiquement les redevances sans se soucier d’avoir à les réclamer, etc.
Le NFT présente également l’avantage de conférer un caractère unique à un fichier numérique et de le monétiser : un fichier numérique est par essence duplicable à l’infini ce qui empêche de le valoriser correctement.
Le fait de le minter revient à donner à un seul exemplaire de ce fichier ce caractère unique et à son acquéreur un droit de propriété et ainsi une valeur, de sorte que lui et lui seul sera valorisé tandis que les autres copies dépourvues du token n’auront aucune valeur ; à l’instar de multiples comme une lithographie, chaque exemplaire signé par l’artiste a de la valeur contrairement à ceux qui en sont dépourvus.
Un exemple concret de création et de protection de NFTs pour le Campus Fonderie de l’Image
Dans le cadre des Puces Typo #12, le Campus Fonderie de l’Image et Divenci se sont associés pour réaliser les premiers NFTs du duo Lek et Sowat. Les artistes ont créé une police de caractères, notamment utilisée par le Centre Pompidou et Agnès b, dont chaque lettre et chiffre a fait l’objet d’un enregistrement sur la plateforme Divenci et dans la blockchain. Les 36 caractères seront proposés aux enchères sur la plateforme Divenci à la rentrée 2022.
Pour autant, l’immense majorité des plateformes ne met pas en avant la protection des auteurs et de leurs droits pour plusieurs raisons : la plus évidente est que la protection des droits d’auteur est jugée contraignante dans le cadre de certaines réglementations et un frein au commerce, ensuite elles n’enregistrent pas immédiatement les créations dans la blockchain, mais attendent qu’un achat soit effectué de sorte que tant qu’elle n’est pas achetée l’œuvre n’est pas protégée.
Aussi, au-delà de l’intérêt artistique, la création de ces NFTs permet à leurs auteurs de mieux protéger leurs créations, d’en reprendre le contrôle et d’avoir la liberté de choix, de maîtriser le processus de vente, et de mieux vendre.
En conclusion, le NFT est un outil fantastique et une opportunité pour tout créateur. Il donne la possibilité de préserver, de mieux gérer et vendre son travail. En s’en emparant, les auteurs s’ouvrent à un champ sans limite où la créativité et l’imagination sont les moteurs.
Article rédigé par Frédéric Steimer Divenci, COO & Chief Art Director, Art & Makers Community & Marketplace